Une maroquinerie à haute performance environnementale qui réinvente l’archétype de l’atelier

La prise de conscience de la nécessaire décarbonation des modes constructifs touche tous les secteurs d’activité. Elle donne l’opportunité à l’architecture de réinvestir les métiers de la production et cette nouvelle maroquinerie ardennaise de la marque Hermès, qui s’est vue décerner le prix AMO1 2023 catégorie “Lieu le mieux productif”, en est une magnifique illustration. En osmose avec son cadre naturel, elle réinvente les codes industriels au sein d’une grande maison horizontale, pour former un environnement de travail plaçant le confort des maroquinier(ère)s au premier plan. Matériau principal de ce bâtiment à énergie positive, à travers une structure en bois lamellé et des murs à ossature bois habillés de douglas brulé, le bois participe à cette nouvelle vision architecturale. Et contribue à créer, pour les 260 collaborateur(trice)s de la manufacture, l’atmosphère propice à la concentration et à la transmission des savoir-faire, fondement du modèle artisanal d’Hermès.

Lumière, fonctionnalité et confort de travail

La conception de la maroquinerie de la Sormonne réinvente les codes industriels en s’inspirant de l’architecture résidentielle contemporaine, qui favorise une insertion en douceur dans le paysage et renouvelle les standards de confort au travail sur plusieurs plans.

• Offrant une lumière optimale au travail des artisan(e)s, les sheds, typiques de l’univers industriel, sont revisités. Ils sont intégrés dans une toiture à 2 pans comme celle d’une maison, avec des débords protègeant de la lumière du Sud. À l’intérieur, la charpente apparente en bois lamellé prolonge la symbolique de la maison et apporte une dimension authentique et chaleureuse.

• Comme la pièce de vie d’une maison, les 4 ateliers de coupe occupent l’espace central de la maroquinerie, pour une fonctionnalité optimale. Ils sont entourés par les salles dédiées aux étapes suivantes de la fabrication et par les espaces de partage et de convivialité. Largement vitré, avec une alternance dans les façades en bois formant des claustras, l’ensemble du bâtiment profite du cadre naturel environnant et est prolongé de vastes surplombs abritant les porches et terrasses extérieurs.

Préservant l’espace naturel, le projet offre une immersion contemplative au sein d’une grande maison dont le dessin en plis forme une nouvelle canopée boisée, une topographie abritant un village d’artisans. Cette référence à la symbolique de la maison, lieu de vie mais aussi lieu d’une histoire, d’un héritage, et le défi de réinventer le modèle de l’atelier ont guidé toute la conception du lieu.

Thomas Coldefy et Isabel Van Haute, Coldefy
© Gautier Deblonde

Par la création d’une architecture aux volumes simples et le dessin du toit qui reprend les codes industriels tout en les détournant de manière inédite, nous avons imaginé pour Hermès le futur de l’atelier de production : une architecture intemporelle, bioclimatique, au service du bien-être de ses occupants.

Thomas Coldefy et Isabel Van Haute, Coldefy

Le projet choisit de construire en bois pour un bilan carbone efficace mais aussi pour un recours à une ressource renouvelable. La structure primaire est en bois lamellé avec uniquement une dalle de plancher en béton.

Thomas Coldefy et Isabel Van Haute, Coldefy

Le bois au cœur de la démarche de performance environnementale

Le bois constitue le matériau principal de la structure de la maroquinerie, qui associe charpente en bois lamellé et murs à ossature bois. La charpente forme une grille en diagonale, qui permet d’économiser la matière tout en offrant de grands espaces libres et la flexibilité de les moduler en fonction des besoins de l’activité. Elle supporte une couverture en bac acier noir, en harmonie avec le bois brulé et les menuiseries des façades. La toiture est couverte de 1 900 m2 de panneaux photovoltaïques. Avec le système de chauffage et de climatisation assuré par géothermie et l’isolation renforcée des murs à ossature bois et de la toiture, ils contribuent à l’autonomie énergétique du bâtiment labellisé E4C2.

Un dispositif environnemental qui préserve la biodiversité

Le dispositif environnemental comprend un important volet de préservation de l’écosystème environnant. Située au cœur d’un parc de 11 hectares, la manufacture occupe un positionnement topographique limitant l’impact du chantier afin de sauvegarder l’habitat des 40 espèces d’oiseaux et d’amphibiens présents à proximité. Les nombreux arbres du site, dont plusieurs chênes centenaires, ont été préservés pour créer un corridor végétal permettant la migration des espèces sur l’ensemble de la parcelle. Des essences locales, dont un verger, ont aussi été plantées pour créer des espaces propices au développement de la biodiversité et un paysage harmonieux, offert à la vue des artisan(e)s.

La charpente de bois en “diagrid”, omniprésente, prolonge la symbolique de la maison. Dans cette subtile atmosphère domestique, la maroquinerie accueille les artisans dans un cadre propice à la concentration et au partage des savoir-faire. L’ensemble de la structure a été pensée selon la multifonctionnalité, la flexibilité, l’adaptabilité, la résilience et la réversibilité dans le temps que requièrent les espaces de travail d’aujourd’hui et de demain.

Thomas Coldefy et Isabel Van Haute, Coldefy

LA STRUCTURE EN BOIS LAMELLÉ ET SES DÉTAILS TECHNIQUES :

L’apport des bois lamellés au sein du projet

Flexibilité structurelle

Dégageant de vastes espaces libres, les charpentes en bois lamellé offrent la flexibilité de les cloisonner/décloisonner en fonction de l’évolution de l’activité.

Ambiance de travail

Lorsque le bois lamellé est laissé apparent, l’ambiance, notamment en matière de couleur, est particulièrement influente sur le bien-être de l’occupant.

Souplesse architecturale

Matériau structurel autorisant une infinité de formes, le bois lamellé se prête à la créativité et aux innovations architecturales.

En savoir plus

1 Prix AMO : prix de l’Association des Architectes et Maîtres d’Ouvrage. La catégorie “Lieu le mieux productif” récompense la réponse qui, au-delà de la productivité, augmente le bien-être au travail et valorise le développement durable.